Plaidoyer : utiliser la presse pour toucher les décideurs
Dernière mise à jour : 1 nov. 2021
Le plaidoyer est un grand principe, une grande mission, des associations, ONG et autres organisations d’intérêt général. Il se sert du témoignage pour toucher directement les décideurs et influer sur leurs actions. Cette opération d’influence, qui repose sur l’exposition médiatique, induit également des relations fortes avec la presse.
Le témoignage à la source du plaidoyer
Le plaidoyer repose en premier lieu sur le témoignage. Celui-ci consiste à dénoncer, aux yeux du grand public, la réalité des faits, qu’ils soient tristes, inquiétants ou encourageants. Par exemple, dans le cas des organisations dédiées à l’environnement, il peut s’agir de témoignages scientifiques très précis ou encore de personnes qui souffrent des effets indésirables du réchauffement climatique et qui doivent quitter leurs habitations, changer de métier etc. Dans le secteur humanitaire, le témoignage peut provenir de personnes touchées par les crises, en incapacité de se nourrir, de boire. Là encore, les témoignages de travailleurs humanitaires peuvent aussi être considérés.
Dans le secteur des ONG, le témoignage s’est démocratisé à la fin des années 1960. C’est précisément la guerre du Biafra, au Nigéria en 1968, qui en a été le déclencheur. Durant ce conflit où des forces étatiques et sécessionnistes se sont affrontées, les civils étaient pris en otage et criaient famine. Les médecins de la Croix-Rouge pouvaient les soigner mais n’avaient pas le droit de parler de la situation dans les médias. L’un des sept grands principes du mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge était, en effet, la neutralité.
En dépit de cette barrière institutionnelle et historique, deux médecins, Bernard Kouchner et Max Récamier, décidèrent de témoigner dans Le Monde afin d’exposer à tous les horreurs de la guerre du Biafra. En 1971, leur acte a donné naissance à Médecins Sans Frontières, une ONG révolutionnaire.
Encore plus tôt, en 1961, Amnesty International était créée outre-manche. Cette fois, c’est Peter Benenson, un avocat de métier, qui a écrit une tribune dans la presse afin de libérer deux portugais qui avaient trinqué à la liberté. Tout simplement.
Cibler directement les décideurs
Après Amnesty et Médecins Sans Frontières, de nombreuses organisations similaires se développent dans les années 1970 et 1980. Toutes affirment, en plus de leur combat dédié aux droits, à l’humanitaire ou à l’environnement, leur position de témoin et leur devoir d’en faire une prise de parole publique. Et si ce témoignage exercé dans les médias traditionnels s’adresse directement au grand public, celui-ci n’est pas la seule cible des ONG.
En effet, les décideurs politiques et institutionnels aussi sont des audiences à privilégier pour les organismes d’intérêt général. Sensibiliser une personne politique qui a du pouvoir a éminemment plus d’impact – et non pas de sens – que de toucher une personne lambda. Cet outil est développé par de nombreuses organisations qui veulent aboutir à de réels changements.
Ainsi, le plaidoyer consiste à se baser sur le témoignage pour construire un argumentaire solide, et l’utiliser ensuite comme levier auprès des institutions, des politiques afin de les faire agir directement en mobilisant des moyens ou en faisant évoluer le droit international. Il s’agit là d’un outil à l’impact fort – lorsqu’il fonctionne – car il débouche sur des politiques concrètes. Cette fonction plaidoyer totalement intégrée aux missions des ONG renforce leur contre-pouvoir, car elles disposent de véritables moyens de pression sur des sujets variés : santé, environnement, guerres etc.
Les nécessaires relations avec la presse et les journalistes
Afin de réussir à être visibles aux yeux des décideurs, les associations et autres organismes non-profit ont intérêt à apparaître dans les médias. Historiquement, ce sont la presse, la radio et surtout la télévision qui ont permis de faire connaître de grandes causes.
Mais cette médiatisation n’est aucunement automatique. Elle est gérée par des rédactions de journalistes qui décident des causes et des angles les plus intéressants à traiter. Dans ce jeu médiatique, d’ailleurs souvent régit par l’émotion et le spectacle, il est parfois difficile de s’imposer.
Pour y parvenir, les relations avec la presse sont indispensables. Certes long et fastidieux, l’entretien des liens avec diverses rédactions est pourtant primordial pour espérer faire parler de sa cause dans les gros titres. Dans un contexte concurrentiel où les combats et les organisations se multiplient, les attachés de presse, qu’ils soient intégrés en interne ou externalisés, sont donc précieux. Les stratégies se déploient sur divers médias, en alternant les rendez-vous grand public comme les JT et les émissions plus spécialisées s’adressant à un public de niche.
Cette présence calculée dans les médias permet ainsi d’exercer une pression continue sur les gouvernements et institutions en capacité de faire changer les choses. Que l’on parle de la guerre en Afghanistan, du mal-logement en France ou de l’utilisation du plastique en Europe, être visible dans les médias signifie continuer d’exister dans la tête de l’opinion publique et donc dans les actes des décideurs.
Comments